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mardi 21 mars 2017

"La philosophie dans le boudoir", Marquis de Sade #chronique

Titre : La philosophie dans le boudoir
Auteur : Marquis de Sade
Date de la première parution : 1795

Il y a des auteurs qui sentent le soufre, des livres qui fleurent bon l'interdit... Et il y a la réunion des deux dans l’œuvre du Marquis de Sade. Parmi ses ouvrages, l'un d'entre eux, est révélateur de ses idées : la philosophie dans le boudoir. Dans cet opus, on rencontre Eugénie qui vient se faire initier aux joies de l'amour. Bien évidemment, ce dernier terme est utilisé dans son sens le plus pragmatique. La notion de l'amour "romantique" tel que nous le concevons actuellement est une invention récente. Du temps du Marquis de Sade, il n'y avait pas de conception amoureuse autre que physique. Le texte présente évidemment un nombre de luxures variant de la plus sobre à la plus choquante. Âme sensible s'abstenir !

Au-delà des "divertissements amoureux", Dolmancé, le personnage principal, se livre à une véritable critique de la société et de ses mécanismes. Il prône l'athéisme, l'égalité entre les sexes et la contraception comme étant la clef de la libération de la femme... Autant de thèmes modernes qui, pour certains passages, n'ont plus l'aspect choquant qu'ils pouvaient avoir en leur temps.

Cet autre versant du libertinage, moins connu, était pourtant l'un des plus importants : la critique sociale. En 1795, mettre une femme sur un pied d'égalité avec les hommes était une hérésie. N'oublions pas que, dans les salons, les femmes "savantes" dissertaient intelligemment sur le fait qu'il ne fallait pas laisser le droit de vote aux femmes, trop soumises à leurs passions et incapables de raisonner...

Lire le Marquis de Sade nous permet d'appréhender les progrès réalisés dans notre société, mais également de mesurer parfois l'étendue des limitations actuelles de nos libertés. Si les rapports sexuels dévergondés abondent dans son œuvre, n'était-ce pas pour déguiser de manière choquante des propos qui étaient tout simplement intolérables pour son époque ?

En tout cas, une chose est sûre : le Marquis de Sade n'a pas fini de faire parler de lui. Ses conceptions le rendent bien plus modernes que ce que nous sommes prêts à accepter dans notre société.

Bonne (re)découverte!

Romain

vendredi 17 mars 2017

"Pompes funèbres et couches-culottes" - Fred Esterel

Pompes funèbres et couches-culottes - Fred Esterel

Qui a dit que seules les mamans se préparaient pour l'arrivée de bébé ?

Dans ce roman à l'humour décapant, Fred Esterel dévoila ici ce que les parents pensent tout bas.

Entre le choix de la nounou, des petits pots et des couches, Pierre doit également faire face aux lourdes responsabilités des papas : première couche, premier biberon sous le regard acéré d'expertes. Et ce n'est pas son ami et collègue Thibault qui va lui prêter main forte.

Entre humour et tendresse, vivez la paternité.

Un livre à lire/découvrir absolument !

En vente dès aujourd'hui sur:

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Et bien d'autres encore!

Illustration: François Boucq

ISBN: 978-2-37446-033-8

Date de publication numérique: 17 mars 2017

Prix numérique: 3,99 €

Prochainement disponible en version brochée

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mardi 2 août 2016

"Le Dernier jour d'un condamné" de Victor Hugo #chronique

Titre : Le Dernier Jour d'un condamné

Auteur : Victor Hugo

« Condamné à mort! » Voici la première phrase de cet ouvrage. Nous voici immédiatement immergés dans l'atmosphère pesante des derniers jours de vie du condamné. On ne saura ni son nom, ni réellement son passé, d'ailleurs nous ne connaîtrons pas réellement les raisons de sa condamnation. Tout juste saurons-nous qu'il s'agit d'un jeune bourgeois plutôt cultivé. Son passé ne compte pas. Il n'a plus d'avenir.

Dans ce récit court et incisif, Victor Hugo nous fait partager, heure par heure, les moments ultimes de la vie de ce jeune garçon. Nous tremblons avec lui face à cette terreur : une mort inéluctable. Impuissants, nous souffrons avec lui de ne plus continuer à vivre. Et nous l'accompagnerons jusqu'au bout. A la fin du livre, l'émotion nous prend. Qui sommes-nous pour mettre fin à une vie ?

L'auteur réussit à nous insuffler la colère face à la situation. A l'origine de ce récit, c'est le combat de l'auteur contre la peine de mort. Hugo le dit dans son discours de 1848 devant l'Assemblée Nationale :

« Que voulez-vous enseigner avec votre exemple ? Qu'il ne faut pas tuer. Et comment enseignez-vous qu'il ne faut pas tuer ? En tuant. »

Pourtant, l'amendement a échoué. De nombreuses personnes ont poursuivi et poursuivent encore le combat de Hugo. La peine de mort n'a été interdite en France qu'en 1981 et elle sévit encore dans beaucoup d'autres pays. Certains sont même prêts à la remettre en pratique.

C'est un livre saisissant. Nous voyons l'envers du décor de l'époque : le Bicêtre, la Conciergerie, sans oublier les critiques sociales subtiles de l'auteur. La place de l'Hôtel de Ville de Paris ne sera plus la même : je penserai à sa première dénomination : la Place de Grève, celle-là même où la guillotine divertissait les personnes.

Bonne lecture!

Pauline

mardi 29 mars 2016

"L'Assommoir" Emile Zola #chronique

Titre: L'Assommoir
Auteur: Emile Zola
Publication: 1877

Ce roman de Zola m'a plongé dans un univers auquel je ne m'attendais pas. Le titre, en lui-même, ne m'évoquait rien. Puis, pendant la lecture, de manière insidieuse, j'ai commencé à percevoir ce qu'il signifiait. En fait, l'Assommoir est un monstre qui se matérialise sous la forme d'un alambic. C'est le pouvoir destructeur de l'alcool sur les êtres qui n'ont comme seul loisir que celui de boire. De fait, "l'Assommoir" est un roman noir. Les personnages sont pris dans un piège qui les dépasse et rien n'arrêtera leur folie. Ce roman est une tragédie : implacable, inéluctable, sans espoir.

Au milieu de cet univers sombre, comme un papillon qui vole au milieu d'un champ de ruines, on entend résonner des rires d'enfants. Par petites touches, Zola nous montre qu'on peut être heureux, malgré tout, dans la misère. Mais chaque note de couleur semble être posée par l'écrivain pour mieux faire ressortir la noirceur du reste.

Dès sa sortie, cet ouvrage fit scandale. On reprocha à Emile Zola de montrer la vie des ouvriers d'un point de vue trop "cru." Une polémique importante est née : dans les deux principaux camps politiques, ce ne sont que reproches et insultes à l'égard de l'écrivain. A tel point que l'ouvrage finira par être interdit temporairement par le procureur de la république de Melun.

Ce livre est devenu un classique de la littérature française. Bien écrit, passionnant, laissez-vous emporter par une réalité forte, celle du monde ouvrier du XIXème siècle, et vous entendrez vos émotions chanter au rythme des vicissitudes rencontrées par les personnages.

Bonne lecture!

Romain

mardi 16 février 2016

"La philosophie dans le boudoir", Marquis de Sade #chronique

Titre : La philosophie dans le boudoir
Auteur : Marquis de Sade
Date de la première parution : 1795

Il y a des auteurs qui sentent le soufre, des livres qui fleurent bon l'interdit... Et il y a la réunion des deux dans l’œuvre du Marquis de Sade. Parmi ses ouvrages, l'un d'entre eux, est révélateur de ses idées : la philosophie dans le boudoir. Dans cet opus, on rencontre Eugénie qui vient se faire initier aux joies de l'amour. Bien évidemment, ce dernier terme est utilisé dans son sens le plus pragmatique. La notion de l'amour "romantique" tel que nous le concevons actuellement est une invention récente. Du temps du Marquis de Sade, il n'y avait pas de conception amoureuse autre que physique. Le texte présente évidemment un nombre de luxures variant de la plus sobre à la plus choquante. Âme sensible s'abstenir !

Au-delà des "divertissements amoureux", Dolmancé, le personnage principal, se livre à une véritable critique de la société et de ses mécanismes. Il prône l'athéisme, l'égalité entre les sexes et la contraception comme étant la clef de la libération de la femme... Autant de thèmes modernes qui, pour certains passages, n'ont plus l'aspect choquant qu'ils pouvaient avoir en leur temps.

Cet autre versant du libertinage, moins connu, était pourtant l'un des plus importants : la critique sociale. En 1795, mettre une femme sur un pied d'égalité avec les hommes était une hérésie. N'oublions pas que, dans les salons, les femmes "savantes" dissertaient intelligemment sur le fait qu'il ne fallait pas laisser le droit de vote aux femmes, trop soumises à leurs passions et incapables de raisonner...

Lire le Marquis de Sade nous permet d'appréhender les progrès réalisés dans notre société, mais également de mesurer parfois l'étendue des limitations actuelles de nos libertés. Si les rapports sexuels dévergondés abondent dans son œuvre, n'était-ce pas pour déguiser de manière choquante des propos qui étaient tout simplement intolérables pour son époque ?

En tout cas, une chose est sûre : le Marquis de Sade n'a pas fini de faire parler de lui. Ses conceptions le rendent bien plus modernes que ce que nous sommes prêts à accepter dans notre société.

Bonne (re)découverte!

Romain

mardi 2 février 2016

"Les liaisons dangereuses", Choderlos de Laclos #chronique

Titre : Les liaisons dangereuses
Auteur : Choderlos de Laclos
Date de la première parution : 1782

Ce roman est considéré, de manière tout à fait justifiée, comme une œuvre majeure de la littérature française. Il a porté à son plus haut degré de perfection ce genre particulier qu'est le roman épistolaire. Les lettres échangées nous font suivre, avec un style propre à chacun des correspondants, les différentes péripéties de leurs histoires et manigances...

En effet, c'est bien de manigance qu'il faut parler ! Le Vicomte de Valmont et la Marquise de Merteuil sont, tous les deux, des grands manipulateurs qui jouent à un jeu pervers fait d'intrigues amoureuses. Une compétition destructrice va s'instaurer entre eux où l'orgueil et la vanité rivaliseront avec une méchanceté aveugle et sans pitié. Sur fond de passion amoureuse dans la noblesse française du XVIIIème siècle, ce roman est en fait une tragédie romanesque.

On se laisse emporter par la facilité de lecture de ces lettres qui ne dévoilent que, progressivement, le déroulement des faits. Cet ouvrage, admirablement composé et bien écrit, se laisse lire avec une facilité déconcertante. Happé par les caractères originaux des personnages, on souffre pour leurs victimes et on s'interroge sur des motivations passionnelles aussi égoïstes et déraisonnées.

Un classique à découvrir, sans aucun doute ! Bonne lecture !

Romain

lundi 16 novembre 2015

Attentats #motpasdisparu #CaCompliqueLesChoses

Le lundi est le jour du mot rare, du mot disparu. Une rubrique que nous aimons faire car elle est amusante, nous cultive et nous rappelle l'évolution de la langue française. Ce week-end, il ne nous a pas été possible de la réaliser. Les conditions n'étaient pas réunies compte tenu des évènements. Il a été longtemps débattu de savoir ce que nous devions faire, exprimer, écrire sur notre site internet. Nous avons choisi la parole.

Tout d'abord, nous sommes touchés, comme chacun, par l'horreur de ces évènements et leurs conséquences humaines. Nous nous associons à la douleur de tous ceux qui ont été frappés par ces attentats.

Nous tenons également à marquer dans le marbre que nos motivations pour créer cette maison d'édition sont des valeurs d'éducation, de tolérance, de culture, de partage et de liberté d'expression. Nous avons choisi de les promouvoir à travers un unique genre littéraire : le roman. D'autres choix étaient possibles, tout aussi respectables. Nous tenons à vous expliquer comment ces valeurs nous guident.

Nous croyons fermement que le roman, qui nous entraîne dans une fiction et nous fait rêver, permet à tous, en respectant la culture de chacun, de nous plonger dans un autre univers propice aux rêves et à la réflexion. Chacun peut ainsi prendre dans sa lecture des idées ou de vivre des émotions qui lui permettront de s'élever vers un autre lui-même plus tolérant, ouvert à la différence, que cette dernière soit culturelle ou de toute autre nature, plus philosophe. Le rêve permet l'évasion, l'utilisation de l'imagination et de la créativité, et donc génère de l'espoir. La réflexion naît de cette confrontation, pacifique, entre le lecteur et une autre vision du monde.

L'objectif avoué de la démarche littéraire, qu'elle soit consciente ou inconsciente, est de partager chez le lecteur un don pour la relativité face à sa propre subjectivité. En un mot, apprendre à favoriser le dialogue entre des personnes différentes par la compréhension réciproque des unes avec les autres.

Au-delà de la barbarie des actes perpétrés par des tueurs sans conscience, ce sont ces valeurs qui sont atteintes. Ce sont nos valeurs et nos idéaux d'éducation et de culture qui sont attaqués. C'est le rêve et la réflexion, l'espoir que l'on essaie d'assassiner. Si demain, Daesh était au pouvoir, il n'y aurait plus de livre, plus d'idée différente, la femme retournerait à l'infériorité à laquelle elle a été cantonnée pendant des millénaires d'histoire, la parole dissidente sera tranchée définitivement : nous serons contraints de vivre dans un désert d'inculture, d'intolérance et de bêtise. Cela n'a rien à voir avec une religion quelconque, c'est simplement un groupe qui souhaite asseoir son pouvoir par la force et le maintenir par l'abêtissement des populations qui lui seraient asservies.

Nous mettons donc en garde solennellement toute tentative d'amalgame qui pourrait être réalisée, toute condamnation hâtive de telle minorité de la population ou d'êtres humains comme étant "responsables." Réaliser un tel raccourci d'idée est exactement l'objectif de ce groupe, tentant d'instiller la crainte dans nos cœurs et la bêtise dans nos têtes. Il faut répondre à leurs atteintes, chacun à notre niveau, par plus de dialogue, de culture, de lecture et tenter de comprendre comment des personnes peuvent finir par haïr d'autres êtres humains au point de les massacrer et de haïr eux-mêmes leur propre vie au point de la supprimer. Nous avons probablement une responsabilité collective à cette haine apparue dans le cœur d'hommes, qui peuvent être français, pour qu'ils tournent des armes contre des autres hommes, même citoyens de leurs propres pays.

Parce que notre métier d'éditeur est celui de propager la culture, nous avons ouvert un espace de libre expression à nos auteurs en leur indiquant qu'ils pouvaient l'utiliser comme bon leur semble : l'Atrium. Deux auteurs ont naturellement et immédiatement réagi en utilisant cette tribune mise à leur disposition. Il y a des émotions et de la réflexion dans leur texte, chacun l'exprimant à sa manière.

Pourriture(s) de Camille Eelen

Sans nom, sang visage de Jean-François Joubert

Nous sommes fiers de nos auteurs qui renouent ainsi avec la grande tradition française des intellectuels. Loin des amalgames, leurs écrits survolent les évènements et incitent, que ce soit directement ou indirectement, à plus de culture et de tolérance. C'est le monde dans lequel nous voulons vivre. C'est un monde dans lequel tout le monde devrait vouloir vivre. Ceux qui marchent à rebours d'un tel projet de civilisation ne doivent pas être montrés du doigt, même si la colère, les émotions et la peur peuvent nous y conduire naturellement... Non, ils doivent être accompagnés pour leur expliquer tout l'obscurantisme et l'impasse de leur projet de société, tenter de comprendre comment ils ont pu en arriver à de tels raisonnements absurdes afin de les aider à en sortir et apprendre à nos enfants, les acteurs du monde de demain, à ne pas basculer dans de telles extrémités.

« Vous, apprenez à voir, plutôt que de rester les yeux ronds... Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde » (La résistible ascension d'Arturo Ui, Bertolt Brecht).

L'équipe

mardi 3 novembre 2015

"Germinal", Emile Zola #chronique

Germinal est paru en 1885, il est le 13ème roman de la série des Rougon-Macquart. Etienne Lantier, le héros est sans travail. Il a giflé son patron et, sans autre choix possible, part dans le Nord pour être embauché dans les mines de charbon. Il découvre les conditions effroyables de travail. Et comme un beau roman ne le serait pas sans un fond d'histoire d'amour, il tombe amoureux de Catherine. Un amour impossible, semble-t-il.

Il s'agit d'un roman naturaliste. C'est en pleine envolée des actions minières que Zola décrit le capitalisme charbonnier dans le Nord. Alors que les patrons décident de baisser les salaires, les ouvriers luttent et rêvent d'une société plus égalitaire. C'est l'histoire de combats acharnés, violents et sans concession contre une société injuste. Et qu'a-t-on à perdre quand on n'a plus rien : rien. Les ouvriers se retrouvent face aux soldats et... Ce roman n'est pas sans rappeler les grands mouvements de l'histoire qui ont fait avancer les droits. Il est évidemment à conseiller à tous, que ce soit pour se replonger dans ce que fut le monde du capitalisme à ses prémisses ou pour faire découvrir aux jeunes générations que le monde dans lequel ils vivent n'a pas toujours été aussi "confortable."

Aujourd'hui, le bassin minier, théâtre du livre, est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Quel meilleur hommage, et je pèse ce mot pour cet homme, écrivain, journaliste et politique engagé. Un homme de tous les combats, celui de l'affaire Dreyfus, admirable et, faut-il le préciser, que j'admire.

Natalie

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